Rwanda: un temoin de l'assassinat de Juvenal Habyarimana a vu "trois missiles"
BRUXELLES (AFP) - 06/05/2006 13h06 - Le contrôleur aérien chargé de guider l'avion du président rwandais, Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994, qui s'était ensuite écrasé à son arrivée sur Kigali, affirme avoir "vu partir trois missiles", dans un témoignage recueilli par le quotidien belge Le Soir et publié samedi.
Ce jour-là, à 20h26 locales, le Falcon qui transportait le président rwandais et son homologue burundais, de retour de Dar es-Salaam, s'est écrasé dans les jardins du palais présidentiel de la capitale rwandaise après avoir été touché alors qu'il amorçait sa descente.
Cet attentat est généralement présenté comme l'élément déclencheur du génocide rwandais, les tueries ayant commencé peu après, rappelle Le Soir.
Perpétré par des extrémistes hutus, le génocide d'avril à juillet 1994 au Rwanda a fait, selon les Nations unies, environ 800.000 morts, essentiellement au sein de la minorité tutsie.
"A 20h26 exactement, alors que je voyais les lumières rouges de l'avion, je me préparais à donner l'autorisation d'atterrir (...) C'est à ce moment que j'ai vu le départ de trois missiles", déclare le contrôleur d'approche, Patrice Munyeaneza, dans ce témoignage au Soir.
"Le premier est passé en dessous de l'avion, le troisième est passé au-dessus, mais le deuxième l'a heurté de plein fouet", ajoute-t-il.
Selon le quotidien, c'est la première fois qu'il s'exprime sur le sujet, douze ans après les faits.
M. Munyeaneza affirme en outre qu'aucun Belge ou Français appartenant à la Mission des Nations Unies au Congo ne se trouvait dans la tour de contrôle au moment de l'attaque. Il assure également qu'il était le seul à avoir reçu le message précisant le moment de l'arrivée de l'appareil.
"Comme c'est la règle, j'avais transmis cette information au commandant de l'aéroport, Cyprien Sindano, qui était membre du CDR (Coalition pour la Défense de la République, parti extrémiste hutu qui n'avait pas signé les accords de paix)", ajoute le contrôleur en précisant que "la fréquence de la tour de contrôle pouvait être captée par des personnes qui se seraient trouvées à proximité de l'aéroport".
Selon lui, "rien n'est arrivé par hasard, pour moi, tout était préparé d'avance et ceux qui ont tiré sur l'avion savaient ce que cet attentat allait provoquer".
Différentes hypothèses circulent sur les auteurs de l'attentat. Certaines mettent en cause des extrémistes hutus, mais d'autres plus récentes, notamment le témoignage d'un ancien rebelle tutsi, Abdul Ruzibiza, qui faisait partie du Front patriotique rwandais (FPR) accusent le président Paul Kagamé, alors chef du FPR, d'avoir commandité l'attentat.